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Ne pas s'arrêter de s'entraîner, quand c'est par là qu'on sent et qu'on pense ; qu'on ne se laisse pas emporter par les négativités ambiantes, tristesse, ressentiment, et affects les nôtres ceux des autres. S'entraîner non pas pour apprendre "à se défendre" mais parce que l'entrainement lui-même équivaut à se protéger, et à mettre en mouvement, tout ce qui ne passe pas. Le "Duk" de Moo Duk kwan (ou le "De" de Tao De King), c'est quelque chose comme cela. Beaucoup moins grandiloquent qu'un mot comme "vertu" en français mais une énergie très pratique qui veut, poursuit notre santé et nous préserve des intoxications multiples.
Pendant qu'on se fritait entre manifestants et policiers Place de la République, ce qui revient en ce moment, un peu à se battre dans un cimetière, nous étions en ce dimanche 29 novembre avec 13 enfants, ceintures blanches et leurs parents. Ces derniers ont voulu rester pour assister au stage. Une assez grande fatigue pouvait se lire sur les visages de la plupart des enfants, mais finalement, pour tous ces petits surtout une grande détermination c'est-à-dire, du courage. Ainsi le regard des parents qu'on aurait pu craindre un temps désorganisateur, parce que l'enfant, quand ils sont là, a souvent l'envie de les appeler des yeux, a été structurant. On a senti que la présence des parents était importante pour certains qui sont habituellement amenés au cours par une nounou, ou un grand-parent, mais en même temps, le groupe d'enfants existait complètement en intériorité, c'est-à-dire indépendamment. Il n'y a que le dimanche qui produise cette disponibilité des uns pour les autres, et des autres pour les uns. Pour finir, le fait que ce beau moment d'éducation populaire, ait lieu dans cette salle qui n'a pas toujours été accessible dans le passé, dont la porte a été cassée, dont l'accès ne nous a pas toujours été aisé, tout cela a donné une saveur à ce stage, une âme. Merci enfin à Bernard Lopez, alias Lô, qui m'a accompagnée impeccablement dans la traversée de cette après-midi. You rock!
Ces jours-ci, après les meurtres de 130 personnes à Paris, le 13 novembre, les imaginaires semblent se connecter les uns aux autres dans tous les sens. Sous l'effet du choc, de la peur, et des conditions extérieures confuses devenues drastiques avec l'état d'urgence décrété pour 3 mois. Et nous sommes nécessairement aux prises avec cet état d'esprit collectif où l'on sent affleurer fatigue, excitation, et en peu en dessous, panique.
Alors chers amis, s'il vous plaît, plus que jamais, méfiez vous des images, de toutes les images ; celles véhiculées par les réseaux sociaux et le web dans son ensemble. Ne vous laissez pas envahir, ne vous laissez pas prendre par le petit vélo intérieur, qui construit des châteaux plus ou moins monstrueux en reliant les images entre elles sous haute tension. Plus que jamais, de la rationalité ! Si vous voulez brandir un drapeau français, laissez le tricolore aux bâtiments officiels et choisissez celui de la bonne vieille rationalité, celui de l'ami Descartes qui consiste à mettre en doute toute image, y compris celle qui rentre si bien dans votre schéma et votre besoin du moment. Ce que vous interprétez des propos d'autrui qui vous met en colère et vous dégoûte, cela aussi, mettez le en doute parce que ce que vous croyez comprendre n'est peut-être pas ce qui a été dit. A moins que vous ayez un grand besoin de vous mettre en colère, et il y a de quoi ! Mais est-ce que cette colère a vraiment à voir avec votre interlocuteur ? Vérifiez le bien. Le langage aussi utilise des images, et là encore, toutes les images qu'il véhicule en ce moment sont des idées opaques : "attentat", "terroriste", "barbares", "guerre". Termes utilisés quotidiennement des centaines de fois, que vous lisez, entendez, encore et encore. Une métaphore est une métaphore, c'est-à-dire qu'elle renvoie d'une part à votre imaginaire et au sens que vous vouliez exprimer mais de façon plus décisive à celui de votre interlocuteur. Si votre interlocuteur n'aime pas votre métaphore, rappelez lui que c'est une image, et qu'il n'y a dans cette métaphore qu'une façon d'exprimer quelque chose. Qu'il n'y a pas de château monstrueux dans cette métaphore, tout au plus, une mécompréhension, tout au plus, une façon de dire les choses qui ne lui plaît pas. Au final, ne cessez pas d'être bienveillant avec lui, parce que parler ensemble, c'est le peu qu'il nous reste, c'est le peu qu'il vous reste en ce moment.
Hier soir, 15 élèves dans la jolie petite salle. 6 seulement arrivent à l'heure. Les autres étalent leur arrivée en prenant leur temps jusqu'à avoir 30 minutes de retard. Ce sont les collégiens, à l'attitude bien caractéristique : il faut traîner les pieds, ne surtout pas avoir l'air de se dépêcher, ne surtout pas dire quelque chose comme un mot d'excuse au moment de rentrer dans la salle (et pourtant, au Soo Bahk Do, en cas de retard, on ne rentre en classe qu'après que le professeur nous y a autorisés). C'est assez amusant, parce que s'il y a des constantes entre générations, cette nécessité "d'avoir l'air cool", et de ne pas craindre les réprimandes en est une. Je me souviens assez bien d'avoir à cet âge, et toujours avec d'autres -ceux d'une bande de l'occasion-, organisé une sorte de retard, par décision de ne pas se presser, de ne pas laisser le temps social de l'école, dicter nos vies. Liberté Individuelle ! Quand tu te commences à te manifester ...
Il m'est arrivé de lier cette attitude patibulaire des élèves à un manque de motivation. Or il n'en est rien. Une fois le cours entamé hier, chacun donne le meilleur de lui-même, et l'émulation entre les petits gars est forte. Quand je demande à F. ceinture orange 7ème gup d'aller chercher sa trousse pour prêter des stylos aux autres, il y court. Et quand F.s'aperçoit que les Dans, ses aînés de 5 ou 6 ans, utilisent ses stylos pour écrire, un petit sourire discret, presque imperceptible tombe sur son visage : il se sent honoré, du haut de ses 9 ans, et ce prêt est pour lui une reconnaissance. Peut-être que demain, il prendra ses stylos d'une autre main.
Il y a du plaisir aux relations humaines dans le do-jang, et le professeur en le vecteur, non pas le centre. Les petits mâles pourraient s'allier contre la master maman pour saccager le cours ? C'est toujours une possibilité, mais ils ont tous choisi d'être là ; et quel intérêt au delà du coup d'éclat, d'avoir montré au maître qu'il ne l'est pas tant que ça ? On prend une position, qu'on doit tenir, chacun attend toujours un commentaire, en espérant qu'il sera favorable. Même le plus paresseux voudrait un encouragement. Les plus jeunes demandent encore ouvertement : "ça va comme ça?" appelant l'attention, le regard du professeur. En grandissant, on ne demande plus l'assentiment, c'est la honte, mais on l'espère, en silence.
A la fin du cours, ils notent tous sur un papier leur objectif pour l'année, certains veulent écrire des romans parce qu'on ne leur demande cette fois qu'un mot (ceux là même qui, quand on leur demande de réfléchir n'écrivent quasiment rien). Esprit de contradiction. Je dépouille en rentrant chez moi : les garçons n'ont pas écrit qu'ils voulaient devenir plus forts, ou plus musclés, ou champions de combat ou de casse, mais quasiment tous veulent devenir "plus souples".
Je saurai m'en souvenir chers élèves.
Bonjour à tous,
Les cours de Soo Bak Do de Shiwol do-jang reprennent cette semaine :
- Lundi 7/09, pour les enfants et adolescents gradés, 17h45-19h, dojo Tenchi
- Mercredi 9/09 pour les adultes, 19h15-20h30, au Point éphémère.
La rentrée pour les cours d'initiation aux arts martiaux des centre Verdier et Jemappes, et les cours de Soo Bahk Do dépendant de ces centres est fixée à la semaine du 14 septembre.
D'autre part, nous serons présents :
N'hésitez pas à passer nous voir à notre stand !
Rouges brunes et charnues de l'été
Passées de saison du vert mois de mai
Foison offerte plus que tout c'qu’on a vu avant
Englouties par poignées
Détour par la cagette sciemment
Plus tard
Sous nos yeux juteuses et délicieuses
On admire
La foison offerte plus que tout c'qu’on a vu avant
Certaines déjà poudroient légèrement
Il suffit d’en retirer détour par la cagette sciemment
Le bout blanchi et d’engloutir le reste de bon appétit
Puis
Déposée à terre la cagette encombrante
Aux fruits donne l’air moins glorieux
Les mains se promènent plus rarement
Lors d'un détour envieux
Foison offerte plus que tout c'qu’on peut en penser
Que n’a-t-on pas perçu qu’il fallait l’apprêter ?
Moment du temps lorsqu'il faut commencer
Commencement qui s’écoule en différentes branches
Branches qui se ramifient dans l’expérience cuisinière
Le temps d’imaginer et le temps du faire
Saturation du sucre par lui-même délétère
Au réveil
Une petite tâche brune gâte le fruit en son entier
Et contamine la voisine qui encore tardait
On s’étonne ne pas avoir été prévenu ?
Enfants du frigo et de la littérature,
De la connexion de la désinvolture
tout peut attendre, ou bien périr
Cerise noires du mois de juillet
J’ai commis mon infamie l’après-midi du troisième jour. Je comprenais désormais qu’on ne me donnerait pas l’occasion de présenter mon projet, je sentais que les autres me fuyaient comme la peste, hormis mes deux collègues que le désespoir poussait à s’enivrer. Lors du buffet servi sur une pelouse, des groupes de danseurs mohawks et iroquois se sont produits devant nous. A une certaine époque, ces derniers auraient volontiers rôti et dévoré leurs hôtes. Refusant d’assister à cette humiliation, je suis parti me promener dans les bois au bord du lac, à la recherche d’un endroit tranquille où prier et réfléchir. Mais les prières que je comptais réciter me sont restées coincées dans la gorge, et je suis revenu sur mes pas pour les allocutions de l’après-midi, fermement décidé à m’emparer du lutrin. J’ai écouté avec attention le révérend Gates, qui était aussi le président de l’Amherst College dire quelque chose du genre : « Les enseignements du Sauveur abondent d’exemples sur le bon usage de la propriété. Le fait d’être propriétaire entraîne une immense amélioration morale, et l’Indien a beaucoup à apprendre sur ce chapitre. Il faut, avant toute chose, faire naître chez l’Indien sauvage des désirs plus vastes et des besoins plus diversifiés. Dans sa sombre sauvagerie, il doit être touché par les ailes de l’ange divin de l’insatisfaction. Le désir de posséder un bien qui lui soit propre peut devenir une énorme force éducative. Le désir de ne pas se contenter d’un « tipi » et des maigres rations de nourriture en hiver dans les camps indiens, voilà ce qu’il nous faut pour tirer l’Indien de sa couverture afin de lui mettre un pantalon –un pantalon doté de poches, et des poches qui meurent d’envie d’être bourrées de dollars!… »
En entendant ce blasphème, je me suis surpris à courir vers l’avant de la salle. J’ai secoué cet imbécile, je l’ai lancé vers la foule et tenté d’entamer mon discours, mais on m’en a aussitôt empêché. Il a été établi que j’étais responsable de blessures corporelles, et l’on m’a jeté dans cette prison où j’attends maintenant ma libération.
Dalva, Jim Harrisson, p451