Ces jours-ci, après les meurtres de 130 personnes à Paris, le 13 novembre, les imaginaires semblent se connecter les uns aux autres dans tous les sens. Sous l'effet du choc, de la peur, et des conditions extérieures confuses devenues drastiques avec l'état d'urgence décrété pour 3 mois. Et nous sommes nécessairement aux prises avec cet état d'esprit collectif où l'on sent affleurer fatigue, excitation, et en peu en dessous, panique.
Alors chers amis, s'il vous plaît, plus que jamais, méfiez vous des images, de toutes les images ; celles véhiculées par les réseaux sociaux et le web dans son ensemble. Ne vous laissez pas envahir, ne vous laissez pas prendre par le petit vélo intérieur, qui construit des châteaux plus ou moins monstrueux en reliant les images entre elles sous haute tension. Plus que jamais, de la rationalité ! Si vous voulez brandir un drapeau français, laissez le tricolore aux bâtiments officiels et choisissez celui de la bonne vieille rationalité, celui de l'ami Descartes qui consiste à mettre en doute toute image, y compris celle qui rentre si bien dans votre schéma et votre besoin du moment. Ce que vous interprétez des propos d'autrui qui vous met en colère et vous dégoûte, cela aussi, mettez le en doute parce que ce que vous croyez comprendre n'est peut-être pas ce qui a été dit. A moins que vous ayez un grand besoin de vous mettre en colère, et il y a de quoi ! Mais est-ce que cette colère a vraiment à voir avec votre interlocuteur ? Vérifiez le bien. Le langage aussi utilise des images, et là encore, toutes les images qu'il véhicule en ce moment sont des idées opaques : "attentat", "terroriste", "barbares", "guerre". Termes utilisés quotidiennement des centaines de fois, que vous lisez, entendez, encore et encore. Une métaphore est une métaphore, c'est-à-dire qu'elle renvoie d'une part à votre imaginaire et au sens que vous vouliez exprimer mais de façon plus décisive à celui de votre interlocuteur. Si votre interlocuteur n'aime pas votre métaphore, rappelez lui que c'est une image, et qu'il n'y a dans cette métaphore qu'une façon d'exprimer quelque chose. Qu'il n'y a pas de château monstrueux dans cette métaphore, tout au plus, une mécompréhension, tout au plus, une façon de dire les choses qui ne lui plaît pas. Au final, ne cessez pas d'être bienveillant avec lui, parce que parler ensemble, c'est le peu qu'il nous reste, c'est le peu qu'il vous reste en ce moment.