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SOO BAHK DO - Moo Duk Kwan










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 Bienvenue sur le blog Shiwol do-jang !


Shiwol do-jang est un espace mental construit en France à partir de la pratique de l'art martial Soo Bahk Do -Moo Duk Kwan. 
Le Soo Bahk Do est un art martial coréen, façonné par la culture et la tradition coréennes. Si certaines de ses techniques remontent à plusieurs centaines d'années, l'art dans sa forme moderne naît en 1945. La Corée recouvre tout juste sa liberté après 30 ans d'occupation japonaise lorsque Hwang Kee fonde son école Moo Duk Kwan à Séoul, d'où est issu le Soo Bahk Do.

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La pratique du Soo Bahk Do repose sur les principes de respect du vivant ("hwal" en coréen) et d'harmonie nécessaire entre l'humain et la nature. Sont également considérées comme fondamentales la cohésion du groupe et la solidarité. Enfin, comme le veut l'empreinte confucéenne, la relation entre l'enseignant et l'élève étudiant est considérée comme étant de la plus haute valeur. On trouvera aussi toutes sortes de textes, réflexions, digressions comme autant de petites sentiers cheminant dans l'art martial et au-delà.

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7 juillet 2014 1 07 /07 /juillet /2014 15:06

De toutes les situations morales, les plus propices aux productions de l'art ou de la pensée, il n'en est pas de plus féconde que les grandes douleurs patriotiques. C'est qu'en effet, les différends suprêmes qui naissent entre les peuples si divers dans leurs aspirations et leurs tendances, créent chez les individus qui les composent des préoccupations d'un ordre très élevé.

Quand elles se résolvent par le sort des armes, c'est-à-dire par le risque de la mort, chacun de nous a dans une mesure quelconque fait un sacrifice utile à son élévation morale. Ces généreuses angoisses dépassent alors de bien haut, la zone étroite et confuse de nos préoccupations personnelles et dirigent nos sentiments vers une fin meilleure. Elles élèvent les coeurs, éclairent la conscience, stimulent la volonté, développent l'intelligence : les mots humanité, patrie, honneur, devoir reprennent pour chacun leur signification véritable. Elles font enfin que l'activité des esprits s'éloigne des faits particuliers pour s'élever vers des notions abstraites et plus générales.

Odilon Redon, 1872

 

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23 juin 2014 1 23 /06 /juin /2014 08:42

Il y a quelques jours, nous assistions avec une certaine émotion à la réunion de clôture du département d'Anthropologie de l'université Paris 8. Ce n'est certes pas là où nous fîmes nos études et pourtant, c'est là que nous en trouvâmes l'âme, l'énergie, et l'irrespect, qui nous paraît a posteriori indispensable à toute formation de l'esprit. 

Nous publions ici une des interventions, celle de l'ami DE Mendes Sargo, infatiguable militant, enseignant précieux et précis. Dans son texte, il y est notamment question d'une idée qui nous a souvent paru bizarre et qui trouve pourtant autour de nous ces temps-ci toute son actualité le désir d'étude. Désir à entendre au sens de Spinoza, celui du "conatus"  ou persévérance dans son être. Le conatus, ressource de toute puissance à être, et pour un certain nombre d'entre nous, la promesse de devoir "brûler ses meubles" pour pouvoir continuer à mener la vie qui vaille à nos propres yeux.  

Salut à toi, donc, qui es prêt à brûler tes meubles (ou l'as-tu déjà fait?) pour pouvoir être fidèle à toi-même, à ce que tu pressens qui te fera grandir, au-delà de toutes les petites vexations, de tous les combats quotidiens contre ceux qui voudraient contrôler ta vie et la limiter. Car il s'agit toujours et encore pour nous de :

Produire sans s'approprier, agir sans rien attendre, guider sans contraindre (Lao Tseu)

 

 

Toast pour la fin du département d'Anthropologie

(DEMS – 12 juin 2014)

Il y a quelque chose de déraisonnable et d'assez impoli à vouloir vivre toujours : c'est ce que me disait mon collègue Félix Corona, mort il y a bientôt deux ans, à la mémoire de qui je veux d'abord adresser ce toast.

Et voilà le département d'Anthropologie, fermant ses portes, venu à son ultime libation : j'essaierai d'être bref* et point trop verbeux pour laisser du temps à qui voudrait aussi prendre la parole.

*

Esquissons un bref bilan

Si d'abord on me demande ce que nous avons voulu faire avec ce département, je répondrais pour simplifier et sans craindre de trop m'éloigner de ce que pourraient en penser mes collègues que nous avons essayé de mettre en œuvre deux principes, deux axiomes. Leur libellé n'est pas au goût du jour, c'est le moins qu'on puisse dire :

Il y a un seul monde des femmes et des hommes vivants.J'emprunte ce thème à Alain Badiou**, mais il me semble bien convenir aux anthropologues. C'est une façon de ne pas concéder le monde dit de la « mondialisation », qui est un monde pour les marchandises et les signes monétaires, et qui, en fait d'universalité, s'avère bien plutôt le monde de la séparation et de la guerre les murs, les grilles, les codes, les drones.

Tenir ce thème suppose ou implique aussi une prise de distance avec l'Occident et ses manières de voyager. Car « ce que d'abord vous nous montrez, voyages, c'est notre ordure lancée au visage de l'humanité. » (Tristes tropiques).

On a donc pratiqué les études et les recherches d'anthropologie (économique, politique, historique, religieuse, des techniques, des arts, audio-visuelle, etc.) comme l'étude modeste et patiente du jeu infini des identités et des différences, dans la présupposition d'un seul monde pour tous les sujets humains qu'on soit ici à l'université Paris 8, un verre à la main, ou derrière une barricade de pneus à Bangui, sur le Maïdan ou place Tahrir.

On se souviendra que cette présupposition d'universalité trouve son origine dans une certaine anthropologie marxiste qui naquit en France dans les années 60 et qui est à la fondation de ce département. Oui, le marxisme … je vous vends le poisson au prix où je l'ai acheté.

*

Deuxième axiome : il y a un désir d'études. Les objets d'un pareil désir sont extrêmement divers et fluctuants, mais ils qualifient au moins un sujet que j'appellerais : une jeunesse intellectuelle. Je ne désigne pas là une tranche d'âge, mais plutôt l’ensemble, en vérité très vaste, de celles et ceux pour qui une étude, un voyage, peuvent commencer. C'est, transposé à notre temps, ce qu'on a pu appeler à la fin du XVIIIe siècle le « public cultivé ».

Un désir, ça n'est pas une demande ; il s'édifie même à l'opposé d'une demande, et il ne se laisse pas satisfaire ou combler par une « offre », fût-elle une « offre pédagogique ». Un désir s'entretient, éventuellement s'interprète : il est la logique des êtres vivants-parlants, il n'y a pas lieu de le convertir en demande, ce qui est la logique des marchands ou l'argument de la canaille (JC Milner, Les noms indistincts).

Laissez-moi vous citer ce que j'écrivais aux trois conseils, le 4 octobre 2010 : « Le département d'Anthropologie a formé depuis 20 ans beaucoup d'étudiants. Certains sont aujourd'hui chercheurs ou en position de l'être. Pour la plupart, quelles que soient leurs occupations actuelles, ces études ont joué un grand rôle dans leur vie intellectuelle et professionnelle. Dans notre Université, il a contribué aussi à la formation d'un grand nombre d'étudiants de diverses disciplines, (géographie, philosophie, sciences politiques, histoire, sociologie, sciences de l'éducation, psychologie, et même informatique et musicologie ou théâtre, etc.) qui y ont trouvé de quoi s'initier et se développer dans une atmosphère que beaucoup leur enviait. Il y a toujours eu un public qui n'a jamais décru, tant il est vrai qu'une jeunesse intellectuelle, qui existe bien plus qu'on ne voudrait ou oserait le penser, entend encore pouvoir concilier son désir d'études et une expérience du monde à l'écart des sentiers battus et des conformismes ; une jeunesse qui n'est pas la cliente passive des savoirs et d'usages sociaux qui passent avec les modes et les instrumentalisations du temps ; une jeunesse qui à sa manière, est elle-même productrice de savoirs, comme cela était reçu, et même pratiqué, à la fondation de notre Université. Voici des raisons que j'ai toujours trouvées premières et principales. Renoncer ne fût-ce qu'à une partie de ce public est, à bien des égards, une grave décision. Elle pèsera évidemment sur les orientations générales de l'Université qu'on se prépare à débattre, et fixera aussi pour d'autres structures menacées la tonalité et la méthode de ce débat. »

Certains collègues semblent s'étonner de ce qui se passe aujourd'hui : je trouve que ça n'est pas faute d'avoir été prévenus.

*

A la conjonction de ces deux principes, nous avons donc formé une jeunesse de toutes les parties du monde. Nous avons traité sur le même plan du désir l'étudiant venu des banlieues (supposé inculte) comme celui venant de sa « prépa » et des beaux quartiers (supposé cultivé). Nous n'avons pas fait une université de petits-blancs, ayants-droit de la mondialisation et de l'Europe. Nous avons même tout mélangé, les références, les gens, les âges, les expériences. Nous avons parlé d'un ton égal aux chômeurs, aux sans-papiers, aux gueux et même aux petits bandits. Eux brûlaient leurs meubles pour étudier.

En aucun cas, en aucune manière, nous n'avons préjugé du public, ce qui est la pire insulte qu'on puisse lui faire. Ceux qui maudissent leur public ou ont peur de lui, ceux qui ne veulent ni ne peuvent lire Mme de La Fayette avec les gueux n'ont pas d'enseignement mais juste une carrière. Élitaire pour tous, voilà la maxime de Schiller et de Vilar.

J'ajouterais que nous avons un motif d'orgueil : c'est d'avoir réussi à transformer certains objets d'étude en sujets d'études, c'est-à-dire d'avoir fait en sorte que des anthropologues naissent parmi les « sauvages ». Vous me direz qu'il y a là une équivoque, que cela ressemblerait, en plus moderne, à une conversion chrétienne missionnaire. Soit ! Mais nous ne pouvions pas aller plus loin que notre époque, et tout le monde ne peut pas se flatter d'aller au bout des possibilités que lui offre son temps. Que le sauvage lui-même fasse ses recherches, que celles-ci ne passent pas inaperçues, qu'il y trouve sinon son salut, du moins ses lignes actuelles de fuite, et qu'il puisse, enfin, devenir « l'intellectuel organique » de son propre temps-espace, voilà un résultat qu'aucun mépris ne pourra nous enlever.

*

Tout cela se termine maintenant, et il y a lieu de se demander pourquoi et comment, de faire la critique et l'auto-critique des opérations, afin que d'autres que nous puissent en retenir de quoi envisager leur propre suite.

Deux ordres de raisons, externes et internes, qu'il faut mentionner :

Le premier ordre de raisons est à situer dans le retour au naturel de l'université française. On sait depuis Richelieu et l'exclusion des jansénistes de la Sorbonne, que la passion principale de l'universitaire français est d'obéir au Ministère avant que celui-ci ne fronce les sourcils. Un bon moyen est de comparer les traditions philosophiques classiques. Descartes, Pascal, Diderot, Rousseau, Comte, Bergson, Sartre : aucun philosophe de langue française qui se soit trouvé bien à l'université, ou que l'université ait bien traité. Voyez les allemands : ils sont en majorité des universitaires.

Il y a eu un moment d'exception à cette longue tradition, que d'autres ont appelé « l'exception structurale », issue sans doute des effets de la seconde guerre mondiale et du souvenir de la Résistance. Cette exception court du milieu des années 60 au milieu des années 90 (au plus tard, du plus ou du moins). Époque bizarre ou certains « AEI », appareils idéologiques d’État (Althusser), fonctionnaient au rebours de leur tâche, comme justement les « intellectuels organiques » de Gramsci.

Maintenant, sous le nom de modernité, excellence, etc., toutes les singularités comme le département d'Anthropologie, et bien d'autres, disparaissent sous les objurgations de la norme, les concours de conformisme, les discours marchands. Mais dans le monde marchand il y a des ordres de grandeur, et des styles qui ne trompent pas. Je suis convaincu qu'une singularité comme la nôtre aurait pu mieux survivre dans une université américaine qu'en France, où en fait de grand commerce on a plutôt affaire à un cléricalisme mesquin qui sent son épicerie, son petit gain. L'empressement dans la servitude, pour la plus libre des fonctions publiques. Ce sera toujours un sujet d'étonnement.

La seconde raison, cette fois-ci externe et interne, « c'est une dure vérité que je vais te dire, Bellarmin », tient à l'accablant destin de ce qui fut l'université de Vincennes Vincennes ayant été l'un des noms de cette exception. Ce n'est plus aujourd'hui, et dans le meilleur des cas, qu'un mythe-alibi, une façon de nommer « nos valeurs » sans jamais se risquer à les exposer. Au vrai, je vois plutôt se développer chez de jeunes enseignants-chercheurs comme chez des anciens « brevetés » une haine sourde de Vincennes, comme raison secrète de la haine de soi, et, tout simplement, de la haine du peuple. L'université Paris 8 souffre plus qu'aucune autre et depuis longtemps d'un ultra-conformisme ; on y voit une façon spéciale de battre sa coulpe de tout ce qui rappelle les années rouges, ou rouges et noires, qui rend impossible que se prolonge en quelque manière, ni le département, ni son atmosphère, ni rien qui lui ressemble. Le ministère nous a mieux traités que cette université plongée dans la célébration honteuse de ce qu'elle a été. Guy Berger et Maurice Courtois publieront bientôt une histoire critique de Vincennes. Mais ce qui nous arrive avec sa fin ambivalente, mêlée de honte et de gloire n'est pas si nouveau : la haine de soi transfigurée en auto-satisfecit d'excellence c'est vieux comme Ignace de Loyola.

*

Pour détruire Carthage il a fallu y susciter un parti romain. Ainsi les anthropologues, déjà saisis par la guerre primitive, se sont divisés. Il y en a eu pour se plaindre de nos méchancetés d'autres de notre inculture. On n'a pas vu qu'aucun d'eux ait construit quelque chose de notable sous le nom d'anthropologie, je veux dire sur le plan collectif. La liste de nos crimes, j'y viendrai, aurait fondé l'argument de leur vertu. Eh bien je vous dirais que c'est la règle dès qu'on tient sa chasse plutôt que sa place ! Le cardinal de Retz écrit : « on a considérablement plus d'ennuis avec les amis de son parti qu'avec les ennemis du parti opposé ».

Soit. Il faut pourtant ouvrir le chapitre de l'auto-critique. Car nous avons commis, selon les points de vues, plus que des erreurs, des fautes, ou plus que des fautes, des erreurs. On pourrait par exemple demander au fondateur, Pierre-Philippe Rey, comment c'était possible, ayant été une poule, d'avoir pondu autant de poignards. Mais dans cet exercice, il faut toujours commencer par soi.

*

J'ai commis des crimes.

Je vous passe les péchés communs des enseignants : on sait depuis longtemps qu'il n'y a pas plus narcissique que Pygmalion ; on sait depuis Socrate que la pédagogie est un art pédophile ; on sait enfin qu'il y a bien de l'orgueil à prétendre corrompre une jeunesse qui ne nous a pas attendus.

Je veux des péchés « gros et gras » dit Luther à Mélanchthon. Les voici. Pour tous les items de cette liste, je n'ai jamais pris l'autorisation de Pierre-Philippe, et je tiens beaucoup à ce qu'on distingue mes crimes des siens :

Le scandale dit de « la Chouette », en hiver 98-99, je le revendique, même si je n'étais pas seul dans sa conception. C'était une révolte en règle contre une forme assez basse d'accaparation politique des études. C'était une révolution culturelle contre ceux qui m'avaient enseigné la révolution culturelle. Pour l'honneur de cette école, je l'ai menée avec précision, c'est-à-dire avec cruauté.

L'affaire des étudiants sans-papiers, l'occupation de l'amphithéâtre X à l'hiver et au printemps 2000. Moments difficiles, avec police, garde à vue, procès. Oui, j'ai jeté avec complaisance le département d'Anthropologie dans les bras des sans-papiers. Je militais pour le premier principe énoncé plus haut. Et puis je me croyais encore à Vincennes. A la vérité, les filles n'ont pas trop barguigné : il y eut même des mariages et des enfants.

L'occupation au printemps 2005 contre cette affligeante misère intellectuelle du « LMD », qui amputait un département comptant près de 700 personnes des deuxième et troisième cycles. Je militais pour le second principe énoncé plus haut. Dans cette affaire, je bats ma coulpe d'avoir été et cruel et complaisant.

Pour ces trois crimes je peux avoir sans rire des regrets, et même des remords, oui, j'y insiste. Mais pour le repentir, il faudra m'aider, car étant ce que nous étions alors, et l'université étant devenue ce qu'elle est aujourd'hui, le crime était de toute façon au même tarif que la vertu. A entendre tous les bons apôtres qui voudraient gouverner notre avenir pour notre bien et qui protestent de leurs bonnes intentions, il faut admettre avec Hegel « qu'il n'y a d'innocente que l'absence d'opération, c'est-à-dire l'être d'une pierre et pas même celui d'un enfant ».

*

Pour terminer cette confession si narcissique, j'avouerai un dernier crime, dont je suis mieux satisfait.

Sachant depuis 2011 qu'il n'y avait plus aucune chance de sauver le village ou les chemins, j'ai dû en hâter la destruction de peur que des fazendeiros en prennent possession tels quels, ou en faussent l'histoire et la géographie réelles. Les habiles voulaient dominer les postes des départs en retraite, et il fallait les leur donner sans les laisser s'emparer en plus des symboles. Il s'agissait que les esprits fins mangent leurs perles, pourvu qu'ils ne nous piétinent pas. Il fallait en outre rompre une fiction au plus vite, avant qu'il y ait trop de blessés, et trouver le point exact de la disparition. Peu m'importent les commentaires : la Bérézina est une victoire tactique. Depuis ma responsabilité, soit en plus de dix ans, je n'ai fait que diriger des retraites, et les critiques concéderont que c'est un art plus difficile que de diriger des attaques.

Je ne dirais pas aujourd'hui comment ça s'est fait, qui a dupé qui et comment. D'ailleurs on trouve toujours plus habile que soi, mais on peut être souvent la dupe de sa défiance, dit mon cardinal. Je peux au moins vous assurer, même si ça vous déplaît, qu'il y avait un esprit clair dans cet enfer tiède : l'ex-président Binczack. Ce n'est pas tout le monde, par ces temps de misère, qui accepte la reddition de Breda. Et vous offre les sauf-conduits d'usage.

Au bout du compte aurait-on pu faire mieux ? Sans doute. Je trouve, pour prendre exagérément les accents de Guy Debord (In girum imus nocte et consumimur igni), qu'il fallait disparaître. « Le particulier s'use en combattant », et l'usure aurait pu faire le miel de l'adversaire. Ce que nous n'avons pas pu réussir, il faut faire en sorte de le transmettre sans trop l’abîmer (E. Bloch, Le principe utopie).

Au XIIe Chant de l'Iliade, Sarpédon dit à Glaucos (Corona dit à Mendès) : « Ami, si échappant à cette guerre, nous devions toujours être exempts de la vieillesse et de la mort, je resterais moi-même en arrière … Mais mille morts sont incessamment suspendues sur nos têtes ; il ne nous est accordé ni de les éviter, ni de les fuir. Marchons donc ... »

Tralala.

*

Je ne saurais finir sans dire ce qu'on m'a interdit de dire, mais je ne suis plus à un délit près.

On ne peut tenir une décennie dans de pareilles conditions sans qu'il y ait quelqu'un pour vous apporter le pain, le sel et l'eau. Il ne s'agissait pas en l’occurrence de seulement conforter le soldat, mais aussi de lui prodiguer des conseils, et même de lui parler d'autre chose. Il fallait une figure pour supporter l'équilibre délicat entre la structure et le désordre, entre la continuité nécessaire et les ruptures rénovatrices.

De telle sorte que la véritable directrice de nos opérations et le secret de notre obstination, c'est bien Michèle Fédou, alias Maman, alias Michou : tant il est vrai que l'administratif joue un rôle crucial pour les études comme pour les recherches.

 

*   Tout ce qui a été écrit n'a pas été dit. Et tout ce qui a été dit n'a pas été écrit. On a tenté de faire une moyenne. Le discours, dans le genre épidictique, se pliait tout de même à quelques contraintes d’argumentation. Aussi a-t-on fait un peu plus long qu'il n'est raisonnable pour un toast.

** Conférence à Athènes, janvier 2014.


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23 août 2013 5 23 /08 /août /2013 14:29

 

(...) A quoi pourrait répondre, au sein de notre propre civilisation, ce phénomène de l'allusif, qui vous paraît si caractéristique de l'Extrême-Orient et ramifie entre elles les cultures de la Chine et du Japon ?

 

F.J : A la valeur allusive, j'opposerai ici la confiance rhétorique. C'est elle qui, pour une large part, a fait l'Europe. Si dans le cas de l'allusif, ce qui est donné à la manifestation, en même temps qu'il se montre, se dérobe et se tient en retrait, la confiance réthorique qui est la "nôtre" repose au contraire sur l'espoir d'aller le plus loin possible, d'aller jusqu'au bout, de la manifestation envisagée. Comme tension sans relâchement, comme attachement sans détachement. Non point le discontinu mais la continuité, non point le sporadique ou l'épars mais articulation et enchaînement : non point ce sentier sur le versant, tel que le montrent tant de rouleaux, n'apparaissant momentanément que pour disparaître dans la brume, et ne plus reparaître que vaguement ça et là, mais un bout de chemin à partir de quoi tout s'organise et se dispose et dont le tracé continu serve à construire la perspective du tableau. Non point jouer sur un effet de manque, mais viser un maximum d'intensité positive (la persuasion), tendre à l'optimum de la plénitude ; non point jouer sur un effet de distance qui déréalise, mais s'adonner à la quête passionnée de la densité, de la proximité : non seulement ce corps mais ce nu, non seulement le grain infiniment doux de cette peau, mais toute la profondeur de cette surface de chair. cette confiance réthorique se présente, du point de vue du langage, comme une confiance insondée, non point tant dans le pouvoir de dire (car nous avons aussi notre tradition de l'ineffable), mais dans l'importance de dire ; le "simple" fait qu'il vaut la peine de dire, de dire, le plus possible : d'user des mots pour presser la réalité. A cet égard, la réthorique ne naît pas seulement en Grèce avec Corax et Tisias, mais elle s'affirmait déjà dans Homère, et elle s'approfondit dans Platon : puisqu'elle est cette confiance intime, la "nôtre", d'user des signes pour aller toujours plus près.

 

Penser d'un dehors (La Chine), entretiens d'Extrême-Occident, Seuil 

 François Jullien, Thierry Marchaisse

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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 22:04

Bribes de propos de table contradictoires, continués dans la lecture d'un article, lui-même réorganisé pour une page de blog concédée à l'esprit social démocrate du lieu et du temps.

 

(...) Pour que la France aille mieux, il faudrait qu'elle cesse d'être la France, et qu'elle renonce à son amour de l'égalité ?

Pour que la France reste la France qu'on admirait autrefois, il faudra qu'elle fasse le tri de ses passions : elle doit renouer avec l'élan de générosité dont les élites françaises faisaient preuve dans la révolution de 1789, lorsque la majorité du clergé et de la noblesse a soutenu les revendications du tiers état. Pour ce faire, le pays devrait refuser sa rechute dans le jacobinisme et la politique du ressentiment contre ceux qui assurent le bien-être de la nation (ndlr : ceux qu'on appelle "les riches").

 

(...) Dans le fond, ce que nous, Français voulons en politique, n'est-ce pas : beaucoup de verbe et peu d'action ?

La France a toujours été la fille aînée de la réthorique. Cela offrait des avantages considérables. Le verbalisme du mouvement de 68 ne s'est jamais transformé en terrorisme, malgré la théorie léniniste selon laquelle le verbe anticipe l'action. La parole française ne prépare pas l'action : elle est l'action, elle brûle son énergie dans sa seule énonciation.  Mais ce n'est pas toujours le cas (...)

 

D'après Peter Sloterdijk, in Le Point, 7 mars 2013, n°2112

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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 11:25
On se souvient du lancement, au début du quinquennat Sarkozy du Ministère de l'immigration et de l'identité  nationale. Plusieurs historiens et anthropologues avaient souligné alors dans la presse l'ambiguité de ce nom. Deux ans plus tard, rien n'a vraiment changé, (entretien avec J-F Bayart ou contribution de A. Renaut).
Ces jours-ci, un certain ministre, nommé Besson, qui a récemment été chargé dudit ministère lance un forum  pour "discuter de l'identité nationale". Hier, ou avant-hier, il fut accueilli à Science-Po comme il se doit par un groupe d'étudiants, lui a chantant la Marseillaise ; le ministre Besson s'est immédiatement mis à la fredonner à son tour, avec le visage bonhomme qu'on imagine, avant tout de même de sortir fissa par la porte de derrière.
La marseillaise, on s'accorde pour dire qu'on ne la chante plus qu'avant les matchs de foot ou de rugby. D'où la remarque de mon papa, que "ce chant est ridicule, avec ses paroles outrageusement violentes" (il n'a pas dit outrageusement, c'est moi qui traduit
). Mon papa est mûr pour tchater sur le forum de Besson.
Par hasard, depuis cet été, La Révolution Française de Jules Michelet (1798-1874) est à mon chevet. Assez fabuleux livre, "énorme" comme dirait le journal l'Equipe quand l'équipe de France réussit à marquer des buts, mais énorme pour moi en ce sens que ses milliers de pages sont lourdes à transporter dans les bagages, et qu'il a un souffle à décorner les baufs. Ca fait nettement plus peur qu'un roman noir, les morts ne sont pas de pacotille, dès qu'il y a une peur collective, des massacres ont lieu à côté desquels le plus méchant des serial killers ressemble à un bisounours.
Ce livre porte à tel point l'esprit de ce que dut être la révolution qu'on ne sort de ces pages qu'avec l'idée que notre vie à nous  français d'aujourd'hui, est devenue bien plus proche de celle de batraciens (pour ceux qui habitent la mare sociale) ou de crabes (pour ceux qui s'abritent derrière la carapace de la propriété) que celle des hommes d'alors.
Michelet explique très bien et de manière nettement plus convaincante que mon papa le sens de la Marseillaise.

Ah ! ce qui le rendait sublime, c'est qu'à proprement parler ce moment n'était pas militaire. Il fut héroïque. Par-dessus l'élan de la guerre, sa fureur et sa violence, planait toujours la grande pensée, vraiment sainte, de la Révolution, l'affranchissement du monde.

En récompense, il fut donné à la grande âme de la France, en son moment désintéressé et sacré, de trouver un chant — un chant qui, répété de proche en proche, a gagné toute la terre. Cela est divin et rare d'ajouter un chant éternel à la voix des nations. Il fut trouvé à Strasbourg, à deux pas de l'ennemi. Le nom que lui donna l'auteur est Le chant de l'armée du Rhin. Trouvé en mars ou avril, au premier moment de la guerre, il ne lui fallut pas deux mois pour pénétrer dans toute la France. Il alla frapper au fond du Midi, comme par un violent écho, et Marseille répondit au Rhin. Sublime destinée de ce chant ! Il est chanté des Marseillais à l'assaut des Tuileries, il brise le trône au 10 août. On l'appelle La Marseillaise. Il est chanté à Valmy, affermit nos lignes flottantes, effraye l'aigle noir de Prusse. Et c'est encore avec ce chant que nos jeunes soldats novices gravirent le coteau de Jemmapes, franchirent les redoutes autrichiennes, frappèrent les vieilles bandes hongroises, endurcies aux guerres des Turcs. Le fer ni le feu n'y pouvaient; il fallut, pour briser leur courage, le chant de la liberté (...)

 

Il y a trois semaines, à Atlanta, Alex Carillo le représentant du Chili, et l'un de ses élèves me croisant dans un couloir se mirent à improviser une Marseillaise. Il ne leur restait guère de leur cours de français que le "Allons enfants de la Patriiii euh", mais la montée dans les notes suivie de la redescente, avec un accent sud-américain, les sourcils froncés, et le torse bombé me firent  un certain effet. Ce que pouvait être l'hymne du Chili, je n'en avais aucune idée mais Alex chantait cette chanson comme son propre hymne national.

Alex Carillo, méditant en bonne compagnie


Je dus donner le change -en remerciant mon prof de musique de nous avoir appris au collège un répertoire de chansons révolutionnaires-. "Aux armes citoyens, formons nos bataillons ..." et le moment émouvant pour Alex fut lorsque je dis "marchons, marchons, qu'un sang impur abreuve nos sillons". Là, cela touchait quelque chose chez lui, et ce n'était pas de mon fait. Michelet nous en dit quelque chose :

 

Ce ne fut pas, comme on l'a dit, dans un repas de famille que fut trouvé le chant sacré. Ce fut dans une foule émue. Les volontaires partaient le lendemain (...) Tout le monde était ému ; on voyait devant soi commencer la longue carrière de la guerre de la liberté qui, trente ans durant, a noyé de sang l'Europe.(...)

Rouget de Lisle, c'était lui, se précipita de la salle, et il écrivit tout, musique et paroles. Il rentra en chantant la strophe : « Allons enfants de la patrie !» Ce fut comme un éclair du ciel. Tout le monde fut saisi, ravi, tous reconnurent ce chant, entendu pour la première fois. Tous le savaient, tous le chantèrent, tout Strasbourg, toute la France. Le monde, tant qu'il y aura un monde, le chantera à jamais.

Si ce n'était qu'un chant de guerre, il n'aurait pas été adopté des nations. C'est un chant de fraternité.

 

Comment se fait-il que la génération de mon père, pourtant née pendant les plus grands périls, ceux de la guerre mondiale, ait pu oublier l'esprit de la marseillaise, son contexte, sa signification profonde qui n'est rien de moins que l'universalité des valeurs portée par notre révolution (quoique cette croyance en l'universalité de ses valeurs puisse contenir d'illusoire) ?


Telle était bien alors l'âme de la France, émue de l'imminent combat, violente contre l'obstacle, mais toute magnanime encore, d'une jeune et naïve grandeur; dans l'accès de la colère même, au-dessus de la colère.


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5 mai 2009 2 05 /05 /mai /2009 19:57

"Qu'a-t-elle aimé la France ? Les styles, les plaisirs de l'intelligence, les salons, la raison, les petites perfections. L'expression précède la Nature. Il s'agit d'une culture de la forme qui recouvre les forces élémentaires, et sur tout jaillissement passionnel, étale le vernis bien pensé du raffinement.
La vie -quand elle n'est pas souffrance- est jeu.
Nous devons être reconnaissants à la France de l'avoir cultivé avec maestria et inspiration.
 C'est d'elle que j'ai appris à ne me prendre au sérieux que dans l'obscurité et, en public, à me moquer de tout. Son école est celle d'une insouciance sautillante et parfumée. La bêtise voit partout des objectifs ; l'intelligence des prétextes (...). Mettre du talent dans les choses de rien -c'est-à-dire dans l'existence et les enseignements du monde- est une initiation aux doutes français.
La conclusion du 18ème siècle, non encore souillé par l'idée de progrès : l'univers est une farce de l'esprit."

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7 février 2009 6 07 /02 /février /2009 23:44
En allant au do-jang ce matin, sur un panneau publicitaire :
" La France avance, Renault accélère ".
Ceci est par excellence une publicité de "l'ère sarkoziste", caquetant des cocoricos pour faire croire qu'on existe. Un style bien vulgaire, où l'on place sur le même plan une marque de bagnole avec le pays lui-même. Non, je n'achète pas Renault, (j'aime le style italien Vespa, même par 0 degré) et surtout pas avec ce genre de slogan grotesque, cela signifie-t-il que je vais perdre la nationalité française ?
Nouvelle question, adressée aux 2 millions de manifestants du jeudi 29 janvier : si l'on pense, si l'on sent que la France recule de toutes parts, alors faut-il en déduire que Renault cale ? Vendez illico vos Renault et marchons à pied, roulons à vélo, ou à 5 sur des mobylettes!

Deux jours plus tôt, on pouvait lire ici et là qu'un député bien de chez nous, et bien dans le style franchouillard qui donne envie de perdre sa nationalité, voulait rendre obligatoire le chant de la Marseillaise pour les sportifs sous peine de sanction. En 2001, le plus renommé des quotidiens nationaux l'avait crié haut et fort : "nous sommes tous américains". Ce que cela dit aujourd'hui c'est : "nous aurons à être français comme les américains sont américains, ou nous disparaîtrons". Bien, encore une preuve que la France avance.
Notre style, il me semble, c'était plutôt d'être français discrètement, c'est-à-dire, par l'intériorité (le domaine des choses qui ne se voient pas, comme on dit dans le Moo Duk Kwan) : par la langue, par les lettres, par les arts, par le goût, plutôt qu'en hissant un drapeau ou en chantant debout devant la télé.
Voici venu le temps où il faut donner des signes. Montrer que vous êtes français. Et c'est là où les patriotes doivent de toute urgence fabriquer une machine de guerre contre les chauvins. Un patriote de France n'a pas à donner des preuves, faire des signes, il sait ce qu'il a constitué, à qui il doit d'être ce qu'il est, et il sait aussi qu'il est peu de chose et pour peu de temps : c'est pour ça qu'il est prêt à le défendre  contre vents et marées.
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28 décembre 2008 7 28 /12 /décembre /2008 11:51

Voici la suite du texte de Slavoj Zizek (cf article précédent)

" Qu'est-ce qui devient alors visible du point de vue des interstices des corps sociaux ? Pas simplement les choses cachées, mais ce qui est dissimulé à force d'être trop mis en évidence. En mars 2003, Donald Rumsfeld s'égara dans une petite digression de philosophie de comptoir à propos de la relation existant entre le connu et l'inconnu :
" Il existe des connus connus. Ce sont des choses dont nous savons que nous les connaissons. Il existe des inconnus connus. C'est-à-dire des choses dont nous savons que nous ne les connaissons pas. Mais il y a aussi des inconnus inconnus. Il y a des choses dont nous ignorons que nous ne les connaissons pas".
Ce qu'il oublia d'ajouter, c'est le quatrième terme, crucial  : les "connus inconnus", ces choses que nous ignorons connaître -qui est précisément l'inconscient freudien, le "savoir qui ne se sait pas lui-même". Si Rumsfeld estime que les principaux dangers d'une confrontation avec l'Irak sont les "inconnus inconnus", menaces de Saddam dont nous ne soupçonnons même pas l'existence, le scandale d'Abu Ghraib montre où se situent les principaux dangers : dans les connus inconnus, les croyances et suppositions désavouées, et les pratiques obcènes que nous prétendons ignorer alors qu'elles constitutent le socle de nos valeurs publiques. Exhumer ces "connus inconnus" est la tâche d'un intellectuel."
              Slavoj Zizek, Que veut l'Europe, Champs Flammarion ibid. p154

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28 décembre 2008 7 28 /12 /décembre /2008 11:21

(...) Dès ses touts débuts (les Présocratiques ioniens), la philosophie apparut dans les interstices de communautés sociales organiques comme la pensée de ceux qui se voyaient prisonniers d'une sorte de position transversale, incapables de s'identifier pleinement à quelque identité sociale que ce soit. Dans le droit fil de ce constat, Kant développa l'idée de la "Weltburgergesellschaft", société civile mondiale cosmopolite, qui n'est pas simplement une extension de la citoyenneté d'un Etat nation à la citoyenneté d'un Etat trans-national global. Membre d'une société civile mondiale, on ne s'identifie plus à un groupe ethnique ou à une tradition culturelle, mais pas non plus à une "humanité", envisagée comme un Tout englobant. On adopte plutôt la position que Gilles Deleuze appelait de la singularité universelle : un sujet singulier qui, par une sorte de court-circuit contournant la médiation du particulier, participe directement de l'Universel. Parlons d'identification à un certain principe éthico-politique universel : un collectif religieux universel, un collectif scientifique, une organisation révolutionnaire globale, tous étant en principe accessibles à chacun. C'est ce que Kant dans son célèbre article "Qu'est-ce que les Lumières?" entendait par l'usage public de la raison, en tant qu'opposé à son usage privé : le terme "privé" ne désigne pas ici l'individu pris en dehors de ses liens communautaires mais bien l'ordre communautaire, institutionnel ou éthique auquel on appartient, les racines particulières de chacun, alors que le terme "public" renvoie à l'universalité sans racine propre à l'exercice par chacun de sa raison. Le paradoxe est alors que l'on ne participe précisément à la dimension universelle de la sphère "publique" qu'en tant qu'individu singulier extrait de, ou même opposé à l'identification communautaire organique- on ne peut être véritablement universel qu'à la condition d'être radicalement singulier, dans les interstices des identités communautaires.
    In Slavoj Zizek, Que veut l'Europe, Réflexions sur une nécessaire réappropriation, chapitre : quelle est la tâche des intellectuels en cette basse époque ?,


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10 mai 2008 6 10 /05 /mai /2008 11:18

Juste après la "victoire alliée", on nous a donc collé la fête de l'Europe, le 9 mai.
Est-ce à dire qu'on voudrait symboliquement fonder l'Europe sur la victoire contre l'Allemagne nazie et ses alliés (car alliance il y avait, et pas seulement du "bon" côté).
Pourquoi les Etats nations s'uniraient-ils, si ce n'est pas contre quelque chose ? Sont-ils capables de le faire pour quelque chose ?
 

Durant la dynastie des Song, (960-1279), Tseng-Ts'an, disciple de Kong Zi (Confucius) écrivait :

"Ceux qui, au temps jadis, désiraient faire briller leur vertu aux yeux du monde commençaient par mettre de l'ordre dans leur pays ; ceux qui désiraient mettre de l'ordre dans leur pays commençaient par le faire régner dans leur famille ; ceux qui désiraient faire régner l'ordre dans leur famille se cultivaient eux-mêmes d'abord ; ceux qui désiraient se cultiver eux-mêmes, commençaient par corriger leur propre coeur ; ceux qui désiraient corriger leur propre coeur devaient d'abord cultiver leur bonne volonté ; ceux qui désiraient cultiver leur bonne volonté devaient d'abord essayer d'atteindre la connaissance et ils y parvenaient en étudiant les phénomènes.

 Quand on a étudié les phénomènes, on peut atteindre la connaissance ; quand on a atteint la connaissance, on acquiert une bonne volonté ; quand la bonne volonté est acquise, le coeur est corrigé, l'homme est cultivé ; quand l'homme est cultivé, l'ordre règne dans sa famille ; quand l'ordre règne dans sa famille, il règne aussi dans son pays ; et quand l'ordre règne dans tous les pays, la paix règne dans le monde".



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