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SOO BAHK DO - Moo Duk Kwan










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 Bienvenue sur le blog Shiwol do-jang !


Shiwol do-jang est un espace mental construit en France à partir de la pratique de l'art martial Soo Bahk Do -Moo Duk Kwan. 
Le Soo Bahk Do est un art martial coréen, façonné par la culture et la tradition coréennes. Si certaines de ses techniques remontent à plusieurs centaines d'années, l'art dans sa forme moderne naît en 1945. La Corée recouvre tout juste sa liberté après 30 ans d'occupation japonaise lorsque Hwang Kee fonde son école Moo Duk Kwan à Séoul, d'où est issu le Soo Bahk Do.

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La pratique du Soo Bahk Do repose sur les principes de respect du vivant ("hwal" en coréen) et d'harmonie nécessaire entre l'humain et la nature. Sont également considérées comme fondamentales la cohésion du groupe et la solidarité. Enfin, comme le veut l'empreinte confucéenne, la relation entre l'enseignant et l'élève étudiant est considérée comme étant de la plus haute valeur. On trouvera aussi toutes sortes de textes, réflexions, digressions comme autant de petites sentiers cheminant dans l'art martial et au-delà.

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11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 11:13
Monkey see, monkey do

"Monkey see, monkey do" ! est un petit adage utilisé par les instructeurs états-uniens de Soo Bahk Do, repris régulièrement par maître Urs Spoerri, le Senior instructeur de Suisse, dans son enseignement. On pourrait traduire littéralement en français par "le singe voit, le singe fait". Ou si on cherche une expression du français, "tout ce que je fais, mon âne le refait".

Cette tendance à l'imitation est au fondement de la plupart des apprentissages chez les enfants. C'est en grande partie comme ça qu'ils apprennent à parler, à marcher, en reproduisant ce qu'ils perçoivent autour d'eux.

C'est aussi comme ça qu'on transmet la gestuelle des arts martiaux.L'élève regarde ce que fait son instructeur, et s'efforce de reproduire. Certains élèves, plutôt dans la frange de ce qu'on pourrait appeler "les intellectuels" éprouvent le besoin de comprendre complètement le geste, c'est-à-dire, d'avoir un concept du mouvement pour le réaliser. C'est un effort louable parce qu'il dénote une exigence et une volonté de maîtrise mais cela complique souvent l'apprentissage; dans l'imitation, il y a quelque chose de l'ordre du tâtonnement, quelque chose qui se fait, et se refait ; et se refaisant, qui s'affine. Y ajouter un impératif d'exactitude (le concept) est une façon de refuser ce tâtonnement. Pourquoi ? Peut-être parce que l'élève aimerait concevoir son geste comme une opération mathématique, afin de faire toujours "juste" et "bien" une fois pour toutes ; et donc de ne pas "risquer le geste à nouveau" ; peut-être parce que le moment du tâtonnement met l'élève dans un rapport à lui-même, où il se perçoit dans sa non-maîtrise, son hésitation, ses doutes, et expose aux autres cette facette là de lui-même.

Une fois le geste une ou quelques fois "correctement" imité, il convient de le faire sien, une sorte d'appropriation à travers laquelle l'élève passe de ce qu'il a vu, perçu à travers la gestuelle de l'instructeur, à la sienne propre. La plupart du temps, l'élève est physiquement différent de l'instructeur ; âge, taille, sexe, poids, morphologie différentes ; les chaînes musculaires, les articulations, une certaine souplesse dans le mouvement ont été moins travaillées. Il y a aussi ce qu'on pourrait appeler les "natures énergétiques" : l'énergie de l'élève, c'est la matière de son geste : il y a ceux qui sont plutôt feu, d'autres qui sont plutôt eau (souvent dans mon expérience, les enfants chinois), d'autre plus proche de l'air (ceux là ont souvent un petit côté "perché"); on parle aussi de l'élément bois, métal ou terre comme élément maître chez un individu.

Bref, le fait que l'élève n'est pas son instructeur constitue l'heureuse limite de l'imitation ; et en même temps ouvre un espace pour lui de création de son propre geste : le moment où l'élève n'est plus dans l'identification à l'instructeur, mais où il devient lui-même.

Au-delà de l'imitation technique, et dans la mesure où il y a un esprit du geste, l'imitation de l'instructeur ne s'arrête pas au mouvement physique mais il touche à des manières de parler, de se comporter, de penser. En un sens, les rapports humains à l'oeuvre dans un do-jang représentent assez bien la manière que l'instructeur a de considérer ses élèves. Par exemple, un élève qui est mis en avant, valorisé par l'instructeur comme celui qu'il faut suivre aura plutôt l'admiration et la faveur des autres élèves. A l'inverse, un élève sur lequel l'instructeur crie régulièrement ou qui est puni à chaque cours (chez les enfants) peut très bien devenir le souffre-douleur des autres. Mais ce peut être aussi bien l'inverse : celui qui est favorisé peut faire l'objet d'une certaine jalousie, tandis que celui auquel on fait souvent des reproches aura la sympathie de ses comparses. Dans tous les cas, il y a toujours une sorte de justice immanente, qui vient du groupe lui-même, et que l'enseignant doit enregistrer pour pouvoir harmoniser les rapports au sein du groupe. Car il a bien un rôle à jouer à ce niveau, aussi discret soit-il.

Il y a des do-jang où l'on rentre et où l'on sent immédiatement un groupe soudé, où les élèves pratiquent ensemble, et où l'on sent comme un rapport sacré entre eux dans l'entraînement. D'autres fois, on ne sent pas cela ; les élèves n'y pratiquent que dans une dimension individuelle (et n'arrive pas à se connecter les uns aux autres). C'est aussi souvent dans cet espace que l'instructeur encourage une sorte de cour autour de lui (maître Shipley, parlait du celui qui fait le "peacock") où les élèves sont en concurrence les uns avec les autres, de façon un peu malsaine. D'autres fois encore, les rapports qu'entretient l'instructeur sont empreints de fausseté, ou de calcul, tous simplement parce que c'est le jeu social qui l'emporte sur le jeu martial (maître Choi parlait de la dimension "client" de l'élève).

"Monkey see, monkey do" s'étend donc au delà de la seule gestuelle ; l'adage a une dimension morale. Au Soo Bahk Do, on parle de discipline et du respect comme valeurs liées. Comment avoir des élèves disciplinés, c'est-à-dire, qui respectent l'ordre collectif et ont une exigence subjective par rapport à leur pratique ? En étant discipliné soi-même, c'est-à-dire, en tant qu'instructeur, en favorisant un ordre collectif et en conservant une exigence par rapport à son propre entraînement. Comment avoir des élèves respectueux ? En étant soi-même respectueux du temps, de l'énergie, et de l'investissement mis par les élèves. La douceur des moeurs du do-jang n'est pas nécessairement à aller chercher dans une mystique taoïste ou bouddhiste, ou au sommet de la montagne (et il y en a beaucoup ces temps ci pour entreprendre le voyage) elle se résume à ce mot : respect

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